Bébés prématurés : la voix de leur mère booste leur cerveau

                                                                                                                                                                       


 

On considère qu’un enfant naît prématurément avant 37 semaines d’aménorrhée (avant le début du 9e mois de grossesse), la grande prématurité se situant entre 22 semaines (5 mois) et 31-32 semaines (7 mois). © Ben Jary/AP/SIPA

 

 

 

On considère qu’un enfant naît prématurément avant 37 semaines d’aménorrhée (avant le début du 9e mois de grossesse), la grande prématurité se situant entre 22 semaines (5 mois) et 31-32 semaines (7 mois).

   

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Les nourrissons nés prématurément sont deux fois plus susceptibles d'avoir des difficultés à entendre et comprendre les mots que ceux nés à terme, leur cortex auditif n'étant pas toujours suffisamment mature à leur naissance. Mais cette difficulté peut être palliée en recréant un environnement in utero, grâce à des enregistrements de la voix et des battements cardiaques de leur mère, révèle une nouvelle étude publiée dans PNAS.

 

Un cortex auditif plus épais

 

EXPÉRIENCE. Amir Lahav, neuroscientifique à la Harvard Medical School de Boston, et son équipe ont demandé aux mères de 40 bébés prématurés (nés entre la 25e et la 32e semaine de gestation - voir encadré ci-dessous) d'enregistrer une chanson et une histoire en studio. Les scientifiques ont également enregistré leurs battements cardiaques grâce à un stéthoscope relié à un microphone. Puis ils ont enlevé les sons à fréquence élevée des enregistrements. 21 nourrissons ont eu droit à des sessions d'écoute de 45 minutes, totalisant trois heures par jour (les autres nourrissons recevaient seulement des soins standards). Au bout de 30 jours, ils ont comparé les cerveaux des deux groupes par examen échographique.

 

Verdict : les prématurés ayant été exposés au son de la voix et du cœur de leurs mères présentent un cortex auditif plus épais que ceux du groupe témoin. Or "des études ont montré que plus ce cortex auditif est épais, et mieux il fonctionne", a déclaré Amir Lahav. Ce dernier précise que ces travaux doivent se poursuivre pour vérifier l’évolution du système auditif et du développement du langage de ces enfants. Il estime toutefois qu'une exposition de trois heures par jour à des sons in utero suffit à mettre le cerveau des prématurés sur la bonne piste.

 

GROSSESSE. La durée moyenne normale d’une grossesse est de 40 semaines. On considère qu’un enfant naît prématurément avant 35 semaines d’aménorrhée (avant le début du 9e mois de grossesse), la grande prématurité se situant entre 22 semaines (5 mois) et 31-32 semaines (7 mois).
Source : Inserm

 

L'audition fragile des prématurés

 

Un fœtus commence à entendre à environ 24 semaines de grossesse (6e mois), lorsque les neurones forment des connexions dans le cortex auditif, une région du cerveau qui traite les sons. Il entend la plupart du temps les sons basse fréquence, en particulier le rythme cardiaque et la mélodie de la voix de sa mère. Les sons à haute fréquence produits par une autre personne que la mère, comme les consonnes, sont largement étouffés. "En plus d'être bombardés par les lumières, les odeurs chimiques, et les sons aigus de l'unité de soins intensifs d'un hôpital, les bébés prématurés sont largement dépourvus des sensations qu'ils recevaient dans l'utérus, tels que le rythme cardiaque et la voix de leur mère", explique à Science Amir Lahav. 

 

Bien que les mères soient parfois autorisées à garder près d'elles leur bébé prématuré pendant de courtes périodes, il est souvent trop fragile pour quitter sa couveuse, dont la température et le taux d'humidité sont régulés."Les prématurés gardent souvent leurs yeux couverts pour bloquer la lumière, et des études précédentes ont montré que la réduction des niveaux de sons à haute fréquence dans une unité de soins intensifs peut améliorer leur écoute, ajoute-t-il. Cependant, peu d'études avant la nôtre avaient tenté de simuler un environnement in utero et d'en observer les effets."

 

 Lise Loumé