Cet ouvrage aborde les aspects historiques et médicaux de la question des psychonévroses de la Grande Guerre dont la nature et les causes lésion nerveuse, trouble psychique ou simulation... ont divisé les médecins de l'époque.
L omniprésence de la suspicion de simulation autorise la mise en place d'un vaste champ d'expérimentation médicale. On adapte à la médecine de guerre des méthodes thérapeutiques, déjà employées en temps de paix, mais désormais utilisées de manière beaucoup plus agressive. C'est ainsi que le « torpillage » mis au point par Clovis Vincent ou la méthode psychofaradique développée par Gustave Roussy deviennent la base d'une psychothérapie répressive. Certains soldats refusent ce type de traitement, et des affaires célèbres, comme celles du zouave Deschamps ou du procès de Besançon, font alors émerger la question du droit des blessés militaires.
Une collusion médico-militaire s'installe. Les soldats suspects de simulation, consciente ou inconsciente, sont renvoyés au front, au nom du patriotisme, par des médecins militaires. D'autres combattants, dont les troubles psychiques n'ont pas été identifiés, sont conduits par des médecins devant les conseils de guerre et fusillés pour désertion.
Les dérives liées à la prise en charge des psychonévroses de la Grande Guerre sont cependant à l'origine d'une importante évolution des conceptions médicales qui aboutissent à la définition moderne du post-traumatic stress disorder.